Troisième image:
Elle marche dans la rue ensoleillée des manuscrits plein les bras. C'est l'automne.
Elle sourit. La poste n'est pas loin. Le sol gèle ses pieds. Son souffle est droit. Elle pense étrangement à la vieille qu'elle aimerait devenir, cette vieille aux cheveux blancs qui vivrait paisiblement sur une colline. Elle devine la blancheur de sa chevelure, elle imagine son sourire, les dessins de ses rides.
Elle pense peut être à toi, à tes mains et ta bouche qui façonnent sa mémoire. Peut être qu'il y a tout dans cette lumière qui traverse le jour. Peut être que la lumière sait que ce jour est particulier, qu'on peut mourir quand on est le plus heureux et qu'on ne s'y attend pas.
La lumière baigne ses pensées. Elle traverse l’œil du conducteur rêveur au moment où elle s’apprête à traverser la rue. L'éclat du jour se projette dans cet angle précis de l'iris qui rend sa silhouette invisible.
L'impact est sourd. Elle n'a rien entendu.
Elle s'en va en souriant.